🧠 Quand le cerveau se fige : comprendre l’état de sidération
Avez-vous déjà vécu une situation où tout s’est figé ? Où votre corps refusait de bouger, de parler, comme si le temps s’arrêtait ? Cet état n’est pas une faiblesse. Ce n’est pas un manque de volonté. C’est une réaction de survie, programmée profondément dans notre cerveau : la sidération.
Dans cet article, je vous explique simplement ce qu’il se passe dans le corps et dans la tête lorsqu’un être humain est confronté à un danger ou à un choc émotionnel intense, comment cet état peut parfois se prolonger dans le temps, et comment il est possible, avec un accompagnement adapté, de retrouver peu à peu le mouvement intérieur.
🔥 Le cerveau en mode survie
Lorsqu’un danger surgit soudainement, notre cerveau bascule en mode survie.
C’est le cerveau primitif — le plus ancien sur le plan évolutif — qui prend les commandes. Il ne réfléchit pas : il agit pour sauver la vie.
L’amygdale, véritable centre d’alarme, déclenche alors une décharge d’hormones de stress : adrénaline et cortisol. Ces substances inondent le corps et le préparent à réagir en une fraction de seconde selon trois comportements fondamentaux du règne animal :
- 🏃♀️ Fuir : s’éloigner le plus vite possible du danger.
- 💥 Lutter : se défendre, attaquer, se battre pour survivre.
- 🧊 Se figer : se replier, rester immobile, faire le mort.
Ce troisième mode, souvent méconnu, est pourtant une réponse de survie à part entière.
🦓 L’exemple de la gazelle face au lion
Imaginez une gazelle qui aperçoit un lion. Son cœur s’emballe, ses muscles se tendent, elle s’enfuit.
Mais si le lion la rattrape, son corps comprend qu’il n’y a plus d’issue : la fuite et la lutte ne sont plus possibles.
Alors, elle se fige. Elle tombe immobile, comme morte. Son rythme cardiaque ralentit, sa respiration devient imperceptible.
Cet état de sidération a une fonction : atténuer la douleur et augmenter les chances de survie (certains prédateurs lâchent une proie “morte”).
Chez l’humain, le même mécanisme s’active dans une situation vécue comme inéluctable : une agression, un accident, un choc émotionnel majeur.
Ce n’est pas un choix conscient, mais un réflexe biologique archaïque.
Le cerveau “débranche” certaines zones, notamment le cortex préfrontal — siège de la pensée rationnelle — pour protéger l’intégrité psychique.
💫 Ce qui se passe dans le corps et dans la tête
Pendant la sidération :
- Le corps devient rigide ou au contraire totalement mou.
- La respiration se bloque, les muscles se paralysent.
- Le temps semble suspendu.
- La pensée devient floue ou inexistante.
- Certaines personnes ont la sensation d’être hors d’elles-mêmes : c’est le début de la dissociation.
Cette déconnexion est une protection naturelle du psychisme.
Elle empêche le cerveau de vivre pleinement la terreur, la douleur ou l’humiliation sur le moment.
🌬️ La sidération sans “grand danger”
Contrairement à ce qu’on imagine souvent, la sidération n’apparaît pas uniquement lors d’événements extrêmes.
Dans ma pratique, j’observe régulièrement des formes plus subtiles, mais bien réelles, de sidération émotionnelle.
Certaines personnes hypersensibles, hyperémotives, HPI ou dotées d’un psychisme particulièrement intense, peuvent entrer en état de sidération face à un choc affectif, une annonce bouleversante, une dispute, une rupture, une trahison, une humiliation, ou simplement un trop-plein émotionnel.
Leur système nerveux, extrêmement réactif, perçoit ces situations comme trop fortes, trop rapides, trop déstabilisantes.
Le cerveau se sent débordé, incapable de traiter ce qu’il reçoit : il se met alors en pause pour se protéger.
Ces formes de sidération sont souvent minimes et passagères, mais elles peuvent laisser des traces : fatigue, confusion, incapacité à penser ou à agir, perte temporaire de repères ou de mémoire.
Elles révèlent à quel point le corps humain — et en particulier celui des personnes très sensibles — cherche avant tout à préserver son équilibre intérieur, même face à des tempêtes invisibles.
🕰️ Quand la sidération dure des années
Dans la plupart des cas, une fois le danger ou le choc passé, le corps devrait pouvoir “décharger” cette énergie de survie : par les pleurs, les tremblements, le récit, le mouvement.
Mais parfois, cela n’a pas été possible : la personne n’a pas été crue, soutenue, ou a dû continuer à fonctionner comme si rien ne s’était passé.
Alors, la sidération se fige dans le temps.
Elle devient un état chronique, souvent invisible.
Certaines personnes vivent ainsi pendant des années, voire des décennies, comme si une partie d’elles était restée “coincée” au moment du choc.
Elles peuvent sembler aller bien, mais à l’intérieur, tout reste gelé : peu d’émotions, peu de plaisir, une impression d’irréalité, une fatigue profonde ou un sentiment de vide.
C’est ce que j’observe régulièrement dans ma pratique : des personnes qui, vingt ans après un traumatisme, sortent peu à peu de cet état de sidération.
Elles commencent à ressentir à nouveau, à pleurer, trembler, rire, rêver, à se reconnecter à leur corps et à leurs émotions.
C’est souvent à ce moment-là que la vie reprend.
🌿 Sortir de la sidération : le retour du mouvement
Dans mon accompagnement, j’utilise différents outils thérapeutiques qui visent à redonner au corps et au cerveau la capacité de se remettre en mouvement :
- L’hypnose, pour recréer un état de sécurité intérieure et permettre au système nerveux de se réinitialiser.
- Les mouvements oculaires, qui facilitent la digestion émotionnelle et la désactivation des souvenirs figés.
- La PNL, pour reconnecter la personne à ses ressources et à son pouvoir d’action.
- Et une méthode personnelle que j’ai développée au fil des années, qui combine ces approches pour aider le patient à se reconnecter à lui-même, à son souffle, à son corps et à sa vitalité.
Ces outils ne “forcent” rien : ils accompagnent le réveil du vivant, à son rythme.
Ils permettent à la personne de sortir du gel, de retrouver le mouvement, la sensation et la présence à soi.
💔 Culpabilité et incompréhension
Beaucoup de victimes d’agression, notamment de viol, confient :
“Je me suis laissée faire. Je n’ai pas réagi.”
Mais elles ne se sont pas laissées faire.
Elles étaient en état de sidération. Leur cerveau a fait ce qu’il pouvait, au mieux, pour les protéger.
Comprendre ce mécanisme est essentiel pour libérer la honte et la culpabilité qui pèsent encore trop souvent sur les victimes.
🌸 En conclusion
La sidération n’est pas une faiblesse, c’est une intelligence biologique.
C’est le corps qui, face à l’impossible — qu’il soit physique, émotionnel ou affectif — choisit de protéger la vie.
Et même quand cet état dure depuis des années, il n’est jamais trop tard pour en sortir.
À travers la parole, le corps, la respiration, la thérapie et la bienveillance, le cerveau peut se réaccorder au présent.
Le corps, lui, peut enfin reprendre son mouvement naturel vers la vie.
“Quand le corps se fige, c’est pour survivre.
Quand il se remet à bouger, c’est pour renaître.”Si vous avez été accompagné(e) et êtes sorti(e) de cet état de sidération grâce aux séances faites ensemble, je vous invite à commenter cet article. Vos témoignages sont précieux pour une meilleure prise de conscience de chacun(e). Merci







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